La vie est dure, éprouvante, mesquine. Je me bas chaque jour pour rester à flot, mais les vagues violentes des épreuves, déceptions, échecs, m'entrainent inlassablement vers le fond. Je voudrais reprendre de zéro, réécrire la majeure partie de ma vie, pour changer mon avenir. Je me retrouve face à un mur, infranchissable sans les outils que j’ai oublié en cours de route, et je panique à l’idée de rester bloquée à ses pieds, en voyant grimper toutes les personnes autour de moi. Une fois encore je me sens arrêté sur le bord du chemin, perdue, sans aucune foutue personne pour tendre la main, même les plus proches. Quand on est dans la merde, on y est seul. Et c’est ce que je suis aujourd’hui, seule. Seule face aux soucis, aux angoisses, aux questions, aux larmes. Je me console en bavant mon mal être, en le faisant ressortir par tous les moyens possibles ; mais ce que je voudrais réellement c’est une personne pour m’écouter, acquiescer mes propos et me prendre dans ses bras, sans jugement, sans critiques, juste par amour. Il me faudrait du calme, des silences, de la tendresse, un apaisement que je ne trouve plus nulle part. J’angoisse, à chaque minute, de tout voir se détruire autour de moi. J’ai si peur de briser mon couple que j’accélère le processus, espérant que les choses se passent vite, que si tout doit s’effondrer cela soit rapide. Et puis à quoi bon rester avec quelqu’un par habitude ? On devient des fantômes l’un pour l’autre, on se frôle sans jamais se toucher, on se parle sans jamais s’écouter, on se regarde sans jamais se voir vraiment. On s’éteint peu à peu, lassé d’un amour plat et refroidit. Je le vois, mais je ne sais que m’en attristé, m’en énervé, sans jamais rien arranger. Si seulement tout redevenait comme avant ; Avant l’emménagement, avant le travail, les problèmes d’argent, le manque de temps, les disputes, les trahisons, les petits défauts invisibles au début, qui deviennent gênant au fil des ans. Le temps qui passe ne nous rate pas, il appuie là où ça fait mal, pour qu’on comprenne que plus rien ne sera jamais comme avant, que les bonheurs passent et que les problèmes s’enchainent. C’est ça l’enfer : le temps qui passe. Je ne sais pas pourquoi j’ai si peur. Je ne sais pas pourquoi je rate tout ce que j’entreprends. Je dois souffrir d’un mal chronique qui me pousse à l’échec, qui m’empêche d’accomplir la moindre entreprise. Je rate mes études, je rate mon permis, je rate ma vie de coupe, je rate ma vie que je laisse courir en la regardant s’effilocher. Et j’en ai marre de ne savoir que me lamenter, pleurnicher sur des feuilles blanches que personne jamais ne verra. Je voudrais de la force, du courage. Le courage de tout plaquer et tout recommencer. Reculer pour mieux sauter, dans une toute autre trajectoire. Je voudrais que la tristesse me quitte, mais elle me colle à la peau. Je ne sais plus sourire sans larmes au fond du cœur. J’aimerai parfois vomir mes angoisses, qu’elles me quittent enfin, que je sois libérée. Au lieu de ça je me répands, je m’exhibe pour mieux me voir, pour pouvoir m’analyser. Je suis un cas clinique de mon propre laboratoire. Un jour, je me comprendrai enfin.